Le goulash des Robinsons

Cet été, entre autres péripéties, nous sommes partis cinq jours en Slovaquie pour jouer les Robinson dans le Parc naturel Mala Fatra où notre ami Dan possède une petite cabine en bois, perdue dans la montagne. Du genre rustique, la cabane. Avec WC à l’extérieur et douche & évier en plein air, alimentés par la source. Oui.

Pour arriver dans ce petit paradis, il vous faudra prévoir votre stock de nourriture pour la durée du séjour, avant d’emprunter un chemin qui n’a de route que le nom et sur lequel, si vous n’êtes pas équipés d’une voiture tout-terrain, modèle de l’Union des Républiques Socialistes Soviétique 1946, vous ne passerez pas. Et soyons réalistes, il n’est pas improbable que, même pareillement équipés, vous ne puissiez pas passer. Oui on a été à deux doigts d’envoyer la voiture dans le décor… Vous voilà prévenus.

Cinq à jour à ne (presque) rien faire d’autre que dormir, bouquiner près de la cheminée, griller des saucisses au BBQ, faire deux siestes par jour, découvrir la montagne, mettre cinq heures à aller chercher du pain et cuisiner des plats qui mijoteront tranquillement sur le feu de camp devant la maison. Tel ce goulash qui cuisit pas loin de six heures…

Pour cette recette, il vous faudra :
Une cabine en bois perdue au fond des bois / un feu de camp bien alimenté / 1 sac de pommes de terre / 1 sac d’oignon / 1 tranche bien épaisse de lard blanc / 1 beau morceau de poitrine de boeuf / du concentré de tomates / du paprika / une tête d’ail / de l’huile / sel et poivre

Avant toute chose, commencez par allumer un grand feu de camp devant la maison. Il vous faudra obtenir un beau tas de braises que vous alimenterez ensuite pendant six bonnes heures (au minimum), alors ne lésinez pas sur les moyens : sortez la hache et prévoyez le tas de bois en conséquence.

Ensuite, servez-vous un petit verre d’une liqueur bien forte. Parce que, comme le dit mon ami Dan « In my family, we have a tradition : we need strong courage before cooking goulash. So let’s have a drink ! » Et c’est ainsi que, durant tout le séjour, dès que les garçons se servaient un verre de liqueur, on demandait « quelqu’un veut un petit verre de courage ? » C’est comme ça que naissent les légendes, n’est-ce pas ?

Vous pouvez maintenant passer aux choses sérieuses : la préparation du goulash.
Coupez votre belle tranche de lard blanc en cubes de 2 centimètres de côté. Dégraissez la viande (je vous avoue que cette étape m’a bien fait rire, parce que bon, on était plus à ça près, niveau gras, hein…). Pelez les patates et les oignons ; détaillez les premières en gros cubes et hachez grossièrement les seconds. Non, ne chipotez pas, on n’est pas là pour faire dans la finesse : ici on nourrit son homme.

Sortez le faitout ancestral, celui en cuivre qui trône à côté de la cheminée et dans lequel votre aïeule, déjà, cuisinait pour sa famille et posez-le sur le feu. Si vous disposez d’un trépied ce sera parfait, sinon improvisez. Versez-y une flaque d’huile. J’ai bien dit « une flaque », pas « un trait ». Le gras c’est la vie. Pensez aux travailleurs montagnards que vous nourrirez ce soir : il leur faut des calories.

Faites revenir le lard dans l’huile (ami/e adepte du régime Weigh Watchers, si tu es encore là, crois-moi, c’est le moment de passer ton chemin). Comptez environ une demi-heure avant d’ajouter les oignons. Laissez mijoter une bonne heure puis ajoutez la viande que vous aurez détaillée en gros cubes.

Après encore une heure de cuisson, c’est le moment d’ajouter le reste des ingrédients. Versez donc dans votre faitout le concentré de tomates, les gousses d’ail épluchées et écrasées. Saupoudrez de paprika, salez, poivrez et allongez tout ça avec une demi-cruche d’eau. Il ne vous reste plus qu’à touiller, couvrir et attendre deux heures de plus. Oui, dans les montagnes on prend son temps. De toutes façons, y’a rien à faire d’autre qu’admirer la cime des arbres, alors… M’enfin, si vraiment vous vous ennuyez, n’oubliez pas qu’il y a un gros tas de bois à débiter.

Les cubes de lard flottent à la surface ? Votre goulash est prêt. C’est le moment d’appeler deux hommes forts pour porter le faitout près de la table et de faire le service.

Servez bien chaud avec une tranche de pain de campagne et un verre de vin rouge. Pis s’il en reste, sachez que ça se réchauffe très bien.

Bon appétit !

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